mercredi 9 mai 2012

Agadez, The Music and the Rebellion

La musique peut-elle changer le monde? Je ne peux qu'être rassurée que, de temps à autre, d'autres pensent comme moi. Dans Agadez, The Music And The Rebellion, documentaire présenté dans nombre de festivals prestigieux l'année dernière, que Vues d'Afrique a eu la bonne idée d'inclure dans son segment « Musicafrica », Ron Wyman trace un portrait, en musique et en images, du parcours d'Omara Moctar, connu aussi sous le nom de « Bombino », musicien touareg au registre étonnant, qui sait marier touches modales et jeu de guitare incarné. Pour les « hommes bleus », les paysages possèdent leur propre mythologie, qui se transmet dans les chants que les textes traditionnels. On vit avec la nature, non contre elle, recherche la paix et l'espace du désert. La liberté demeure le premier droit obtenu de la nature et l'homme lui-même s'avère la première ressource économique, et non de quelconques gisements miniers.

D'entrée de jeu, on sent que la musique servira d'élément narrateur, de moteur d'expression, auquel se grefferont images du désert (la saturation des couleurs rend l'image particulièrement vibrante) et de rassemblements, entretiens avec des spécialistes de la question touarègue et extraits de concerts ou de séances d'enregistrement de Moctar et ses musiciens. (Il y a quelque chose d'absolument fascinant à les voir évoluer sur une scène conçue à partir de simples briques, sur laquelle est déposée un tapis, la guitare étant branchée à une génératrice, le sable s’immisçant partout.)

Attiré par le son de l'instrument, Omara Moctar a commencé la guitare enfant, lors de la rébellion touarègue de 1990-1995. Dès le début, il compose, démontrant un talent mélodique unique et une maîtrise de la pulsation criante, souffle, battement cardiaque, métissant les genres en incluant des références au rock, au reggae ou à Ali Farka Touré. Ses textes parlent d'amour, d'honneur, d'amitié, commentent l'actualité. En exil pendant plusieurs années, il revient à Agadez en 2010 donner un concert mythique devant la grande mosquée de la ville, événement rassembleur qui deviendrait confirmation d'une promesse de paix. (Les récents événements indiquent que ce processus ne saura se réaliser de façon entièrement linéaire.) La musique comme moteur de l'éducation et élément d'une solution qui permettrait de faire respecter les droits? On voudrait y croire...



On peut se procurer le DVD et écouter des plages de l'album tiré du film ici.

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