mardi 14 octobre 2014

Fleur de cerisier

L'idée est astucieuse, audacieuse même: demander à quatre auteurs de raconter une histoire liée à un écrasement d'avion, celui du vol 459 de Paris à Montréal. Pierre Szalowski signe ainsi Elle était si jolie, Martin Michaud a souhaité sortir de sa zone de confort avec S.A.S.H.A, Claudia Larochelle a voulu raconter l'histoire d'une mère de famille qui, un matin, quitte tout le monde avec Les Iles Canaries. Aline Apostolska a plutôt choisi de raconter l'histoire du propriétaire de son dépanneur avec Fleur de cerisier, campé entre Montréal, Los Angeles, Boston et Saigon (Hô-Chi-Minh-Ville), avec de nombreux allers-retours temporels.

On s'attache rapidement à cette famille d'immigrés qui fuit un pays en guerre pour recommencer à zéro ailleurs, avec un nouveau-né sur les bras (qui n'est même pas leur fils biologique). Cela permettra à l'auteure d'évoquer les concepts d'immigration, mais aussi de filiation, de résilience, de choix de vie. Le narrateur qui sera bientôt père réfléchit aussi bien à son choix de carrière (il dirige une équipe qui travaille sur des missiles meurtriers) qu'à la façon dont il a été élevé et aux valeurs qu'il souhaite transmettre à sa fille, qui naîtra en sol américain. On finira par apprendre - avec une surprise certaine - qui il attend à l'aéroport Pierre-Elliott Trudeau cet après-midi-là et devinera l'impact que cette mort aura sur le reste de son existence.

Une histoire efficace de déracinement, que l'on aurait peut-être souhaité narrée dans un français moins « québécois », mais l'auteure a vraisemblablement ici choisi cette voie pour transmettre l'idée de l'intégration réussie.


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