samedi 15 novembre 2014

Continuer d'y croire

À quelques jours de l’ouverture de la 37e édition du Salon du livre de Montréal (qui se tiendra du 19 au 24 novembre), difficile de se réjouir. Oui, bien sûr, des centaines d’auteurs sont attendus, désireux d’établir un contact direct avec leurs lecteurs. Les gros noms y côtoieront nombre de primoromanciers, dont notre Recrue ce mois-ci, François Racine, auteur de Truculence, qui sera en séance de signatures jeudi le 19 en soirée et samedi le 22 en fin d’après-midi. Mais il y aura un grand absent, La courte échelle, le populaire éditeur jeunesse (qui ne néglige pas pour autant la littérature pour adultes), qui a dû récemment se mettre sous la loi de la protection de la faillite.

Au moment d’écrire ces lignes, on ne sait toujours pas si un acheteur sérieux pourra sauver la mise. Malgré les remous suscités, les prises de position tranchées, nombre de livres restent prisonniers sous scellés et, bien sûr, les auteurs ne sont pas payés, la Loi fédérale sur la faillite et l’insolvabilité ayant préséance sur la loi provinciale sur le statut professionnel des artistes. Les auteurs risquent donc non seulement de ne pas recevoir leurs cachets, mais – plus grave encore – de perdre le contrôle de leurs œuvres, les droits pouvant passer aux mains des racheteurs potentiels. « Le développement culturel du Québec n’a pas à subir de telles dérives juridiques, notre indépendance politique et culturelle est la seule façon d’en assurer durablement la pérennité », soulignait par voie de communiqué Mario Beaulieu, chef du Bloc québécois.

Malgré la grogne, il faut continuer de croire en la vitalité de la littérature québécoise et en son indiscutable nécessité. C’est avec plaisir que nous retrouvons deux anciennes Recrues, Stéphanie Pelletier qui, après un recueil de nouvelles primé nous propose son premier roman Dagaz, ainsi que Anna Raymonde Gazaille qui nous revient avec Déni, une nouvelle aventure du sympathique inspecteur Paul Morel. Tout comme dans Truculence, la route joue un rôle essentiel dans Go West Gloria de Sarah Rocheville. Le nain de Francine Brunet vous fera plutôt plonger dans un univers baroque avec sa galerie de personnages plus colorés les uns que les autres. Notre duplex d’Éléonore Létourneau établit quant à lui des parallèles avec le monde du cinéma, Barcarolle de Fabrice Amchin (catégorie Hors-Québec) avec la musique.

« La langue française, c’est une question de vie ou de mort, ici, c’est qui nous sommes en tant que peuple. Il faut la défendre toujours, il faut savoir que chaque fois que l’anglais gagne du terrain, c’est un peu de nous qui se perd, savoir que chaque raccourci angléfié, chaque paresse et chaque statut facebookien dans la grosse langue dominante de l’Autre omniprésent (pour vouloir faire universel, bien de son temps, pour rejoindre le plus grand nombre, etcétéra), chaque Oh my God! lancé (plus capable de l’entendre, cel’-là), chaque incapacité à dire notre réel dans notre langue à nous, c’est une abdication, c’est une défaite. […] Bref, il faut résister. Pas le choix », nous rappelle François Racine dans ses réponses à notre questionnaire. À bon entendeur, salut!

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