dimanche 22 mars 2015

Demoiselles-cactus

Oui, Demoiselles-cactus aborde la question des troubles alimentaires à travers le personnage de Mélisse, vingtaine vaguement désabusée, qui traîne son mal-être d’un lieu de la ville à l’autre. Le réduire à une analyse du phénomène ou à un « témoignage » romancé serait mal le cerner. (Si l’on veut vivre l’anorexie de l’intérieur, de façon oppressante, on privilégiera Les murs d’Olivia Tapiero, Prix Robert-Cliche 2009.)
Adoptant le ton de la confidence associé au journal intime, Clara B.-Turcotte nous invite à une réflexion sur le corps : ce que nous y mettons, la perception que nous en avons, le rôle qu’il joue dans notre imaginaire amoureux ou sexuel (la potentielle pédophilie du colocataire est assurément beaucoup plus troublante que l’anorexie de Mélisse). Le corps devient armure, ennemi, enveloppe trop encombrante de laquelle on voudrait se défaire, mais aussi no mans land dans lequel les princesses d’aujourd’hui continuent de rêver, parfois de façon déjantée.
Il se passe au fond si peu de choses dans ce petit roman presque insidieux. Pourtant, la plume alerte, le don pour la formule efficace et la maîtrise de l’autodérision de la jeune auteure m’ont poussée à aller jusqu’au bout, sans respirer ou presque, et à lire Mes sœurs siamoises, recueil de poésie paru en octobre 2013, qui aborde certains des mêmes thèmes. Le foisonnement de motifs peut étourdir; peut-être faut-il les percevoir comme kaléidoscope d’une époque.

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