dimanche 3 mai 2015

Monstera deliciosa

La couverture m'a irrésistiblement envoûtée, assez pour que je prenne le livre dans mes mains, même si La dévorante, premier roman de Lynda Dion, ne m'avait convaincue qu'à moitié et que son deuxième m'avait laissée encore plus perplexe. Quelque chose de trop formaté, de trop léché, de trop narcissique aussi peut-être.

Rien de tout cela ici, alors que j'ai lu d'un seul trait ce récit de rendez-vous manqués - avec soi, avec la vie, avec l'amour -, comme on plongerait dans un recueil de poésie, en laissant chaque phrase prendre racine et son envol à la fois.
« Le temps est du verre taillé. Précieux.Et cassant. »
Si dans ses deux premiers romans, Lynda Dion avait refusé toute ponctuation, forçant le lecteur à se couler presque malgré lui dans un rythme imposé, cette fois, elle joue la carte de la fragmentation, de la phrase très courte, parfois assassine, souvent méticuleusement polie. Nulle part un mot de trop, une digression inutile.

En passant de la première à la troisième personne du singulier (sauf en de rares occasions), loin de distancier le propos, elle permet un rapprochement, offre un espace où chacun pourra se loger, superposer son histoire ou celle d'une amie. En effet, quoi de plus universel - et de tristement banal - que cette rupture entre deux êtres qui ne se sont jamais vraiment aimés, mais qui ont choisi de s'unir pour fuir la solitude, qui décident un matin que la cohabitation est devenue non seulement impossible, mais malsaine.

Une surprise agréable, qui pourrait bien m'avoir réconciliée avec l'auteure.

2 commentaires:

Le Papou a dit…

Je n'avais pas ressenti d'intérêts pour les premiers. Là tu me tentes.
Le Papou

Lucie a dit…

C'est certain que l'on parle toujours d'une écriture très féminine, mais elle touche ici à quelque chose de plus universel qu'avec les deux premiers je trouve.